Les contes de fées existent !
Tant d’années que nous sommes biberonnés de contes de fées, élevés aux princesses Disney et gavés de comédies romantiques.
« De la poudre de Perlimpinpin ! » diront les blasés, convaincus que Cendrillon s’est méchamment rétamée dans les escaliers et le Prince, hilare, a publié la vidéo sur les réseaux ; que Blanche-Neige attend toujours le baiser de son vaillant chevalier, qui en est à son troisième mariage ; que Jasmine joue la sécurité matérielle : Exit ce va-nu-pieds d’Aladdin et bonjour le riche héritier. Manquerait plus qu’on nous annonce que le clochard s’est fait piquer !
Et pourtant si ! Les contes de fées existent ! Je ne vous parle pas de génies de la lampe, de marraine la bonne fée, mais d’une princesse sauvée par un preux chevalier dans la vie réelle.
Il était une fois une enseignante mutée dans une contrée fort lointaine (c’est moi !) qui vivait dans un tout petit appartement, au plus haut de la plus haute tour du donjon (les combles, quoi). Harassée par l’aménagement (5e étage sans ascenseur, je compatis Cendrillon…) et les tâches ménagères (mais sans l’aide de souris facétieuses), je m’assis pour préparer le souper. Carottes épluchées et mixées, je coupai le coin de la brique Knorr, la chauffai et la bus. Puis, j’enfilai mon pyjama en pilou (finis les robes et corsets pour dormir, faut pas déconner), brossai mes dents blanches comme l’émail du lavabo et mes longs cheveux ébène brillant sous la lumière froide du néon tout en chantant d’une voix cristalline.
Vivant seule en attendant mon prince charmant (s’il pouvait se grouiller d’ailleurs), je verrouillai la porte d’entrée et fermai derrière moi la porte de ma chambre, soufflai la flamme de la bougie (ça fait mieux que « j’ai appuyé sur l’interrupteur de la lampe électrique »), et m’endormis. 23h30. Réveillée par une envie pressante (oui les princesses font pipi), je rallume la bougie (bah maintenant que j’ai commencé…), me dirige vers la porte, baisse la poignée, qui me reste dans la main. Impossible de la réenclencher. OK, enfermée, seule, dans le donjon de ce village fort fort lointain et pas âme qui vive dans la rue pavée. Une Raiponce dans sa tour mais à la chevelure brune, ordinaire et sans Pascal.
Heureusement, je suis une princesse moderne. Je demande l’aide de la fée Technologie et compose le 18 sur mon portable. Une voix virile décroche : « Les pompiers charmants, bonsoir ». « Bonsoir. Je suis actuellement emprisonnée dans la geôle au plus haut… gnagnagna. A l’aide ! ». « Nous arrivons prestement, Damoiselle en détresse ». Et prestement, j’aperçois l’impressionnant destrier rouge de mon sauveur arriver. Sa voix grave me crie : « N’ayez crainte, ma Mie, j’arrive ! ».
Les yeux disproportionnés et brillants, les poings serrés sous le visage, un sourire niais et des cœurs qui défilent en arrière-plan, j’admire mon prince braver l’altitude, grimpant avec détermination l’échelle qui surplombe le vide. Qu’il est grand, robuste, viril dans son uniforme ! Et quel courage ! Enfin, il pénètre dans ma chambre de hobbit, prend sa hache et… la pose, bidouille et réussit à décaler le pêne de la poignée, ouvrant alors la porte de ma geôle sans même l’égratigner ! Mon sauveur se dirige vers la porte d’entrée, descend les escaliers et je le suis (je vais pas le laisser partir quand même !)
En réalité, je descends pour remercier tous les pompiers présents pour m’avoir sortie de mon guêpier, de m’avoir fait vivre un conte de fées et pour en rire ensemble.
Vous voyez ? Les contes de fées existent !
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